Stéganographie
C’est à l’occasion d’un MOOC sur Python, proposé par France Université Numérique, que j’ai découvert NumPy. Cette bibliothèque permet de manipuler des matrices ou tableaux multidimensionnels de manière particulièrement rapide et efficace.
À titre d’exercice, j’ai voulu écrire un petit programme de stéganographie qui permet d’encoder des données et de les insérer dans des images matricielles.
Par souci de simplicité, le programme ne prend en charge que certains types d’images matricielles (bitmap) compressibles sans perte de données (PNG, TIFF, BPM…). L’information ajoutée à l’image sera de type textuel, bien qu’il soit théoriquement possible d’encoder images, sons, vidéos, tout ce qui est numérisable.
Prérequis
- Python 3.x (Sur Linux, une version est en principe déjà installée)
- NumPy
- PILLOW
- PILLOW est un fork de PIL (Python Imaging Library) qui sera appelé par l’instruction
import PIL
dans le module principal.
- PILLOW est un fork de PIL (Python Imaging Library) qui sera appelé par l’instruction
Il existe plusieurs façons de procéder pour installer PIL et NumPy. Personnellement, j’utilise pip, le gestionnaire de paquets standard.
Les modules imghdr et math seront aussi utilisés mais comme ils font partie de la bibliothèque standard, ils sont généralement installés avec Python.
Traitement de l’image — Stockage des valeurs des pixels dans un tableau NumPy
On commence par importer les modules dont on a besoin :
# coding: utf8
import imghdr
from math import ceil
from PIL import Image
import numpy as np
On définit la liste des formats d’images qui seront acceptés :
formats = ['png', 'bmp', 'tiff', 'ppm', 'pgm', 'pnm', 'pcx', 'sgi', 'tga']
Précisions sur ces formats
- PNG (Portable Network Graphics) est un format ouvert d’images numériques, qui a été créé pour remplacer le format GIF, à l’époque propriétaire et dont la compression était soumise à un brevet. Le PNG est un format sans perte spécialement adapté pour publier des images simples comprenant des aplats de couleurs.
- BMP (Windows bitmap, connu aussi sous l’abréviation de BitMaP; en anglais, device-independent bitmap ou DIB), est un format d’image matricielle ouvert développé par Microsoft et IBM.
- TIFF (Tag Image File Format) est un format de fichier pour image numérique. Adobe en est le dépositaire et le propriétaire initial (via Aldus). Plus exactement, il s’agit d’un format de conteneur (ou encapsulation), à la manière de avi ou zip, c’est-à-dire pouvant contenir des données de formats arbitraires.
- PPM (Portable PixMap) et le PGM (Portable GrayMap) qui, avec le PBM (Portable BitMap), sont désignés comme le format PNM (Portable aNyMap) sont des formats de fichier graphique utilisés pour les échanges. Ils ont été définis et sont utilisés par le projet NetPBM. Ils proposent des fonctionnalités élémentaires et sont utilisés pour convertir les fichiers de type pixmap, graymap et bitmap entre différentes plateformes.
- PCX (PiCture eXchange) est un format d’image numérique dont l’encodage est basé sur une forme de run-length encoding. PCX a été développé par la société ZSoft Corporation à Marietta, en Géorgie. C’était le format de base de leur logiciel PC Paintbrush, un des logiciels d’édition d’images les plus populaires sous DOS à l’époque.
- SGI (Silicon Graphics Image) ou RGB file est le format de fichier graphique matriciel pour les stations de travail de Silicon Graphics. Il peut stocker de 8 à 32 bits par pixel.
- TGA (Truevision (TARGA) Raster Graphics) est un format de fichier graphique matriciel créé par Truevision au milieu des années 1980.
[Sources : Wikipedia, MDN Web Docs et FileSamples]
Vous trouverez sur FileSamples des échantillons à télécharger de ces différents formats et bien d’autres.
L’image ci-contre peut être téléchargée à partir de ce lien ou depuis la page se trouvant à cette adresse. Elle servira d’exemple dans la suite de l’exercice, mais n’importe quelle image peut faire l’affaire pourvu qu’elle soit dans l’un des formats indiqués plus haut.
Il faut d’abord vérifier que le format du fichier est bien l’un de ceux définis dans la liste, lever une exception dans le cas contraire, et enfin récupérer le code de l’ensemble des pixels pour le copier dans un tableau NumPy :
pict = "sample_1280×853.png" # adresse locale de l’image
with Image.open(pict) as im:
if (imghdr.what(pict) or im.format.lower()) not in formats:
raise TypeError("Ce format n’est pas valable")
else:
im_array = np.array(im)
Le code a bien été enregistré, comme on peut le constater en imprimant quelques valeurs du tableau im_array
:
# Valeurs des octets des 9 premiers pixels
print(im_array[:3, :3, :])
[[[178 132 145] [177 131 144] [179 133 146]] [[170 124 137] [172 126 139] [181 135 148]] [[182 134 148] [176 128 142] [177 131 144]]]
Chaque triplet correspond à un pixel de l’image, selon le codage trichrome RVB (ou RGB en anglais). Chacun des nombres qui représente un octet est compris entre 0 et 255.
Le tableau présente les valeurs des octets pour chaque pixel, de gauche à droite et de bas en haut.
Ainsi le 1er pixel, en haut à gauche, est représenté sur le tableau par la ligne 178 132 145
qui désigne la couleur rgb(178,132,145), soit #B28491
en notation hexadécimale.
Dans notre exemple, nous voyons que chaque pixel est représenté par trois valeurs de 0 à 255. Certaines images PNG possèdent en outre une quatrième valeur pour coder le canal alpha. Ce dernier permet de préciser la transparence, qui peut varier d’invisible (valeur 0) à totalement opaque (valeur 255).
En revanche, d’autres images, en noir et blanc, n’ont qu’une seule valeur, comprise entre 0 et 255, pour coder un pixel. Dans ce cas, chaque chiffre correspondant à un niveau de gris.
L’injection du code pourra se faire dans tous les octets, peu importe qu’il y en ait 1, 3 ou 4 par pixel.
Pourquoi 255 et pas 999 (par exemple) ?
Tout simplement parce que 255 = 28 - 1, ce qui en notation binaire est représenté par 11111111
, soit un octet composé de huit « 1 ».
Chacun des trois octets qui code un pixel, dans l’exemple que nous avons choisi, est composé de 8 bits (ou unités d’information), 1 bit pouvant avoir pour valeur 0 ou 1.
Le premier pixel représenté par le triplet 178 132 145
peut aussi être représenté en binaire par les valeurs 10110010
, 10000100
et 10010001
.
Python permet de passer facilement d’une base à l’autre :
# Représentation d’entiers en binaires
for n in [178, 132, 145]:
print(f'{n:b}', end=' ') # bin(n) est aussi possible
10110010 10000100 10010001
C’est avec l’ensemble des valeurs du tableau im_array
que nous allons travailler pour coder notre image.
Examinons d’abord les caractéristiques de ce tableau :
print('Dimensions :', im_array.ndim)
print('Format :', im_array.shape)
print('Taille :', im_array.size) # nombre total d’éléments
print('Data Type :', im_array.dtype)
Dimensions : 3 Format : (853, 1280, 3) Taille : 3275520 Data Type : uint8
Les trois valeurs du format correspondent respectivement à la hauteur de l’image (853 px), à sa largeur (1280 px) et au nombre d’octets (3) qui codent chaque pixel. La taille est le nombre total d’octets, soit 853 * 1280 * 3. Enfin, le type « uint8 » (unsigned integer 8bits) permet comme son nom l’indique de stocker des valeurs entières non-signées codées sur 8 bits (soit 1 octet).
Ce dernier point est important puisque chaque nombre entier du tableau étant représenté par 1 octet, tout dépassement de la valeur 255 (en binaire 11111111
) ramènera la valeur à 0 (zéro).
Vérifions cela en Python :
ar = np.array([255, 255, 255]) #ffffff en hexa (couleur blanche)
# On ajoute 1 à chaque valeur du tableau
ar_plus = (1 + ar).astype(np.uint8)
print(ar_plus)
[0 0 0]
En ajoutant simplement 1 aux valeurs du tableau, chacune d’elles est passée de 255 à 0.
Si x1
est l’ancienne valeur de l’octet et n
un entier que l’on souhaite ajouter à x1
, alors la nouvelle valeur obtenue sera x2 = (x1 + n) % 256
.
En effet, 255 est la limite supérieure que peut atteindre 1 octet dont tous les bits sont à « 1 » (11111111
en binaire).
Or, passer de 255 à 0 signifie, pour la couleur, passer de la teinte la plus claire à la plus foncée.
Lorsque l’on modifiera légèrement les chiffres qui codent l’image pour y insérer le message, il faudra éviter que la valeur obtenue pour chaque octet ne dépasse la valeur de 255, sans quoi des artefacts dus à des changements importants de teinte apparaîtront sur l’image.
Par exemple, la différence entre les couleurs représentées par rgb(100, 100, 240) et celle obtenue en augmentant de 10 la valeur du canal bleu, rgb(100, 100, 250) , est à peine perceptible. En revanche, si on ajoute encore 10, comme la valeur dépasse 255, elle est réinitialisée et passe de 250 à 4 ((250 + 10) % 256
= 4). La couleur obtenue, rgb(100, 100, 4) est alors très différente de celle d’origine.
Encodage du texte
Après avoir stocké les valeurs de tous les pixels de l’image dans un tableau NumPy, nous allons récupérer, coder et stocker dans une autre variable le texte que nous souhaitons insérer dans le code de l’image.
À titre d’illustration, nous choisirons le Discours de la Méthode de Descartes, que nous trouvons en accès libre sur le site du projet Gutenberg à cette adresse au format Plain Text UTF-8.
# Adresse locale du texte
with open ('13846-0.txt', 'r', encoding='utf8') as f:
message = f.read()
On peut vérifier que le texte a bien été enregistré sous forme de chaîne de caractères dans la variable message
, en imprimant quelques caractères, et en vérifiant la longueur de la chaîne :
print('Début du texte :', message[:73])
print(f'Longueur du texte : {len(message)} caractères')
Début du texte : The Project Gutenberg EBook of Discours de la méthode, by René Descartes Longueur du texte : 700602 caractères
Bien entendu, il va falloir transformer la chaîne de caractères afin de pouvoir l’insérer dans le tableau de pixels.
La première opération est de transformer la chaîne en nombres, chaque nombre représentant 1 octet.
Unicode et UTF-8
Associer des chiffres à des lettres (et à des signes, en général) ne pose aucune difficulté, puisque c’est le principe même de l’Unicode qui affecte à chaque signe ou caractère un unique identifiant numérique.
En Python, on obtient le point de code d’un caractère au moyen de la fonction ord()
et, à l’inverse le caractère correspondant à un identifiant numérique grâce à la fonction chr()
.
Quelques exemples :
for lettre in 'Python':
print(f'{lettre}:{ord(lettre)}', end=' ')
P:80 y:121 t:116 h:104 o:111 n:110
for car in 'éàïûç':
print(ord(car), end= ' ')
233 224 239 251 231
print(ord('@'))
print(ord('😀'))
print(ord('あ')) # caractère japonais (hiragana) se prononçant [a]
64 128512 12354
Dans la pratique, on trouve souvent le point de code exprimé sous forme hexadécimale (base 16). Par exemple le caractère « @ » a pour point de code 64 en base 10, et c’est cette valeur que renvoie la fonction ord()
. Mais 64, exprimé en base 16 s’écrit 40
(on peut le vérifier en exécutant dans Python hex(64)
). Son point de code est donc souvent représenté par U+0040
, mais il s’agit bien de la même valeur.
Unicode est constitué d’un répertoire de 137 929 caractères, permettant de coder toutes les langues du monde, et bien au-delà : caractères spéciaux, symboles, émoticônes, etc.
Cependant, convertir les caractères en points de code selon le standard Unicode ne permet pas de délimiter les blocs correspondant aux différents caractères.
Par exemple, la suite de chiffres 12354
peut aussi bien correspondre à un identifiant unique, chr(12354)
, qui renvoie le caractère japonais « あ ») qu’à deux identifiants accolés 123
et 54
qui correspondent alors à la chaîne de caractères « {6 » puisque chr(123)
et chr(54)
renvoient respectivement « { » et « 6 ».
Pour résoudre ces ambiguïtés, il est commode d’utiliser un système d’encodage universellement reconnu, l’UTF-8 (Universal Character Set Transformation Format - 8 bits).
L’encodage UTF-8 est un format qui présente deux particularités :
Il représente les points de code sous forme d’octets, chaque caractère pouvant être représenté par un ou plusieurs octets.
Il adopte une convention qui permet de reconnaître d’après les bits de poids fort de l’octet (ie. les bits situés sur la gauche de l’octet) si l’octet en question représente un seul ou plusieurs caractères, et dans le cas d’un caractère codé sur plusieurs octets, s’il est ou non l’octet de tête.
Exemple d’un caractère codé sur un octet :
ord('a') # on cherche l’identifiant Unicode de 'a'
97
f'{97:08b}' # on convertit cet identifiant en binaire
# et l’on ajoute des 0 à gauche pour arriver à
# un total de 8 bits (= 1 octet)
'01100001'
Par convention, si le premier bit est un « 0 », on sait que le caractère est codé sur un seul octet. C’est le cas de tous les caractères définis par la norme ASCII.
Cas d’un caractère codé sur 2 octets (c’est généralement le cas des caractères accentués) :
ord('é') # on cherche l’identifiant Unicode de 'é'
233
f'{233:b}' # valeur binaire de 233
'11101001'
Théoriquement, il est possible de coder « é » sur 1 seul octet puisque son point de code est inférieur à 256.
Mais par convention, seuls 7 bits sont utilisés pour les caractères codés sur un octet. Ceux dont le point de code est supérieur à 127 sont codés sur deux à quatre octets.
Ainsi « é » est codé sur deux octets. Le premier commence par 110
et les deux « 1 » indiquent que deux octets seront utilisés pour ce caractère.
Le deuxième octet commence par 10
, ce qui est aussi une convention indiquant qu’il ne s’agit pas de l’octet de tête du caractère.
En fonction de ces conventions, le codage de 11101001
se trouve réparti sur deux octets : 11000011
et 10101001
.
Les bits en gras renseignent sur le nombre d’octets et sur leur position. Le code du caractère proprement dit se trouve réparti sur les autres bits, avec éventuellement un remplissage de zéros à gauche.
Si l’on regroupe ces bits, on retrouve 11101001
qui la représentation binaire du point de code du caractère « é », soit 233 en base décimale.
Comme dernier exemple, nous prendrons le caractère « 和 » qui est codé sur 3 octets comme la plupart des caractères CJK)
ord('和') # on cherche l’identifiant Unicode du caractère '和'
21644
f'{21_644:b}' # valeur binaire de 21_644
'101010010001100'
Puisque par convention, l’octet de tête indique le nombre d’octets utilisés pour coder le caractère , on trouvera trois « 1 » suivi d’un « 0 ».
Le premier octet est donc de la forme 1110xxxx
.
Les second et troisième octets commencent par 10
puisque ce ne sont pas les octets de tête.
Les trois octets sont donc de la forme 1110xxxx 10xxxxxx 10xxxxxx
.
Il reste à remplir les « x » avec les bits correspondant au point de code du caractère en ajoutant un ou des « 0 » à gauche : 11100101 10010010 10001100
L’identifiant Unicode se trouve ainsi réparti à droite de chaque octet, exprimé sous forme binaire. Une fois ces 3 parties rassemblées, on obtient 10101001000110
, soit 21 644 en base 10 :
int('101010010001100', 2) # conversion de base 2 en base 10
21644
Pour d’autres précisions sur le nombre d’octets utilisés dans ce format de codage, on se référera à ce tableau ou à cette présentation très synthétique.
⁂
Il serait fastidieux d’encoder tout le texte de cette manière, caractère par caractère, avec une double opération à chaque fois puisqu’il faut chercher le code point et le convertir selon le standard UTF-8.
Heureusement, il existe en Python la fonction bytes()
qui prend en charge les longues chaînes de caractères et réalise les deux opérations en même temps. Les chaînes sont directement converties en octets selon l’encodage demandé.
# Conversion en octets d’une chaîne codée en UTF-8
bytes("Python", 'utf8')
b'Python'
Cette représentation pourrait laisser penser que bytes()
renvoie simplement une chaîne de caractères, mais il n’en est rien. Les octets codant les caractères ASCII sont représentés par les caractères eux-mêmes, mais une itération sur l’objet renvoyé par bytes()
montre qu’il s’agit bien d’octets :
for n in bytes('Python', 'utf8'):
print(n, end=' ')
80 121 116 104 111 110
Ce sont bien les points de code de chaque caractère. On remarque que, dans cet exemple, ils sont tous codés sur un seul octet.
Dans le cas de caractères codés sur plusieurs octets, bytes()
renvoie bien la valeur des octets selon la norme UTF-8.
bytes("é", 'utf8')
b'\xc3\xa9'
\x
est un séparateur, mais c3
et a9
représentent, sous forme hexadécimale, les deux octets qui transcrivent le caractère « é » selon la norme UTF-8. Nous pouvons les transcrire en binaire :
# Conversion de base 16 en base 2
print(f'{int("c3", 16):b}', f'{int("a9", 16):b}')
11000011 10101001
On retrouve bien les deux octets, dont les bits représentant le point de code sont 11
pour le premier et 101001
pour le second. Mis bout-à-bout, on obtient 11101001
qui est la représentation binaire de 233, point de code du caractère « é » :
chr(233)
'é'
Pour un caractère codé sur 3 octets, comme dans l’exemple précédent (和), la fonction bytes()
rend également compte de la représentation en octets selon la norme UTF-8 :
bytes('和', 'utf8')
b'\xe5\x92\x8c'
# Conversion de base 16 en base 2
for n in ('e5', '92', '8c'):
print(f'{int(n, 16):b}', end=' ')
11100101 10010010 10001100
Les bits représentant le point de code, ici répartis sur 3 octets, une fois regroupés, donnent 101010010001100
, soit 21 644 en base 10 :
int('101010010001100', 2) # conversion en base 10
21644
21 644 est bien le point de code du caractère « 和 » :
chr(21_644)
'和'
La fonction bytes()
est donc extrêmement puissante puisqu’elle va nous permettre, d’un seul coup, de transformer la longue chaîne de caractères enregistrée dans la variable message
en une chaîne de bytes. Il suffira ensuite de les représenter sous forme binaire pour pouvoir insérer le code bit par bit dans l’image.
# Conversion d’une chaîne de caractères en octets
octets = bytes(message, 'utf8')
On peut vérifier que les éléments enregistrés sont bien des octets :
print(type(octets))
# Imprimer quelques éléments de la chaîne
print([n for n in octets[:9]])
<class 'bytes'> [239, 187, 191, 84, 104, 101, 32, 80, 114]
On reconnaît, au début, les 3 octets 239 187 191
(en hexadécimal EF BB BF
) caractéristiques du BOM (Byte Order Mark) ou indicateur d’ordre des octets. Le texte proprement dit ne commence qu’au 4ème octet (84 104 101
…). Le BOM, utilisé par certains logiciels, n’est d’aucune utilité ici mais comme il s’agit d’une espace insécable sans chasse, il n’est pas gênant de le garder.
Nous pouvons ensuite transformer cette chaîne en un tableau d’entiers (base décimale) :
# Conversion des octets en entiers (base 10)
octets_dec = np.frombuffer(octets, dtype=np.uint8)
print(octets_dec.dtype)
print(octets_dec)
uint8 [239 187 191 ... 42 10 10]
Il s’agit cette fois d’un tableau d’entiers et non plus d’octets.
Nous pouvons maintenant, avec la fonction np.unpackbits()
convertir ce tableau d’entiers en binaires et les séparer en éléments d’un bit chacun. Il en résulte un tableau qui ne contient que des « 0 » et des « 1 » :
# Conversion en binaire et répartition en éléments d’un bit
octets_bin = np.unpackbits(octets_dec)
# Imprimer les 16 premiers éléments du tableau
print(octets_bin[:16])
[1 1 1 0 1 1 1 1 1 0 1 1 1 0 1 1]
Ayant tranformé la chaîne de caractères d’origine en un tableau dont les éléments constituent la plus petite unité d’information possible (« 1 » ou « 0 » ), nous pouvons considérer le codage du texte comme achevé.
⁂
Comment insérer le code du texte dans le tableau de pixels ?
À ce stade, nous avons un tableau de chiffres compris entre 0 et 255 codant chacun un octet, l’ensemble de ces octets représentant la valeur des pixels de l’image.
Les deux premiers pixels sont représentés par 2 * 3 octets, soit 6 octets :
# Afficher « à plat » les octets codant les 2 premiers pixels
print(im_array[0, :2, :].ravel())
[178 132 145 177 131 144]
Rappelons que l’octet est composé de 8 bits, que nous pouvons visualiser en convertissant les chiffres en base 2 :
for octet in [178, 132, 145, 177, 131, 144]:
print(f'{octet:b}', end=' ')
10110010 10000100 10010001 10110001 10000011 10010000
Le code sera inséré à droite de chaque octet. En effet, c’est à droite que se trouvent les bits dits de poids faible. Si on les modifie, les couleurs de l’image ne devraient pas être très altérées. Si l’on change la valeur d’un ou deux bits à droite, il sera même impossible de discerner la différence à l’œil nu.
Avant d’insérer le code, il faut d’abord mettre à zéros les bits de poids faible qui seront utilisés : 10110010
10000100
10010000
10110000
10000010
10010000
Ceux qui étaient déjà à zéro restent évidemment à zéro, mais ceux qui étaient à « 1 » passent à zéro.
Cette opération a un double avantage :
Elle permet d’éviter, si une valeur se trouve à 255, que l’ajout d’un « 1 » ne réinitialise l’octet selon la formule que nous avons vue plus haut :
x2 = (x1 + n) % 256
.Cela permet aussi de décoder plus facilement le message. Si l’on sait que le bit de poids faible était à zéro avant l’insertion du code, il suffira de voir comment il a été modifié pour reconstituer le code.
Dans notre exemple portant sur les deux premiers pixels de l’image, une fois les bits de poids faible mis à zéro, nous pouvons les remplacer par le code du texte que nous avons plus haut converti en une suite de « 0 » et de « 1 » .
Les 6 premières valeurs de ce code sont :
print(octets_bin[:6])
[1 1 1 0 1 1]
Il suffira d’insérer ce code, bit par bit, à la place des bits de poids faible qui ont été mis à zéro.
Nous obtenons donc :
octet original | reset (1 bit) | code texte | octet final |
---|---|---|---|
10110010 | 10110010 | 1 | 10110011 |
10000100 | 10000100 | 1 | 10000101 |
10010001 | 10010000 | 1 | 10010001 |
10110001 | 10110000 | 0 | 10110000 |
10000011 | 10000010 | 1 | 10000011 |
10010000 | 10010000 | 1 | 10010001 |
Lors de l’opération de décodage, il suffira de regrouper les derniers bits de chaque octet pour retrouver le code qui a été inséré dans l’image : 111011
…
En pratique, nous n’aurons même pas besoin de convertir les entiers du tableau im_array
en binaire puisque l’opération qui consiste à remettre à zéro le bit de poids faible revient à retrancher 1 si le chiffre est impair et à le laisser tel quel s’il est pair.
Autrement dit, si nous appelons « V » la valeur originale de l’octet et « Vzero » sa valeur après mise à zéro du bit de poids faible, nous avons Vzero = V - V % 2
.
Nous pouvons même réaliser cette opération de manière plus efficace (et plus rapide) en utilisant l’opérateur logique « & » : Vzero = V - (V & 1)
.
Ainsi, si nous appliquons cette opération aux octets codant les deux premiers pixels, nous obtenons :
V - (V & 1) |
---|
178 → 178 |
132 → 132 |
145 → 144 |
177 → 176 |
131 → 130 |
144 → 144 |
Les pairs restent pairs, les impairs sont diminués d’une unité.
L’insertion du code consistera alors simplement à ajouter « 0 » ou « 1 » à chaque entier codant un octet.
octet initial | reset (1 bit) | code texte | octet final |
---|---|---|---|
178 | 178 | 1 | 179 |
132 | 132 | 1 | 133 |
145 | 144 | 1 | 145 |
177 | 176 | 0 | 176 |
131 | 130 | 1 | 131 |
144 | 144 | 1 | 145 |
Si nous utilisons uniquement le 8ème bit (bit de poids faible) de chaque octet de l’image pour insérer le texte sous forme de données binaires, le poids en octets du texte devra logiquement être huit fois (1 octet = 8 bits) inférieur à celui de l’image.
Si le code du texte ne tient pas dans cet espace, il peut être tentant d’utiliser 2 bits faibles de chaque octet au lieu d’un, ce qui revient à doubler l’espace disponible pour le code. Et si cet espace de données ne suffit toujours pas, d’élargir à 3 bits/octet, puis 4, 5, etc.
La seule limite, c’est celle des 8 bits qui composent chaque octet de chaque pixel. Si cette limite est atteinte, il ne reste rien de l’image car tout son code a été remplacé.
⁂
Comment décider, en fonction de la taille de l’image et de celle du texte, du nombre de bits par octet à remplacer ?
Concrètement, le programme va d’abord vérifier si les données binaires encodant le texte peuvent être entièrement contenues dans le tableau des pixels en utilisant uniquement le bit de poids le plus faible de chaque octet. Si c’est impossible, on poursuit la vérification avec 2 bits de poids faible, puis 3, etc.
Plus on utilisera de bits en remontant des bits de poids faible (à droite) vers ceux de poids fort (à gauche), plus la qualité de l’image sera altérée, sa destruction totale étant atteinte lorsque les 8 bits de l’octet sont utilisés.
La formule que nous avons vue plus haut pour mettre à zéro les bits de poids faible des octets peut être généralisée pour n bits. Si « V » est la valeur de l’octet d’origine et « Vzero » sa valeur après mise à zéro de n bits (en commençant par les bits de poids le plus faible), on a Vzero = V - (V & (2n - 1))
.
Au maximum, sur le premier octet, on pourra stocker 8 bits de données du texte codé.
# Maximum stockable sur les 6 premiers octets de im_array
print(octets_bin[:8])
[1 1 1 0 1 1 1 1]
Le tableau suivant permet de visualiser les modifications apportées au premier octet en fonction du nombre de bits mis à zéro et le résultat obtenu après insertion du code :
n | octet reset dec/bin | code texte dec/bin | octet final dec/bin |
---|---|---|---|
0 | 178 10110010 | - - | 178 10110010 |
1 | 178 10110010 | 1 1 | 179 10110011 |
2 | 176 10110000 | 3 11 | 179 10110011 |
3 | 176 10110000 | 7 111 | 183 10110111 |
4 | 176 10110000 | 14 1110 | 190 10111110 |
5 | 160 10100000 | 29 11101 | 189 10111101 |
6 | 128 10000000 | 59 111011 | 187 10111011 |
7 | 128 10000000 | 119 1110111 | 247 11110111 |
8 | 0 00000000 | 239 11101111 | 239 11101111 |
Construction d’un header
Si l’on détermine de manière dynamique le nombre de bits à remplacer sur chaque octet en fonction de la taille du message, l’opération de décodage sera un peu plus complexe que si cette valeur était fixe puisqu’on ignorera sur combien de bits de chaque octet le message a été réparti.
On peut certes y parvenir de manière empirique, en essayant d’abord avec 1 bit, puis 2, etc. Comme le message est codé en UTF-8 et que cette écriture impose des contraintes sur les bits forts de chaque octet, dès lors qu’on voudra convertir une suite de chiffres supposément codée en UTF-8, le programme lèvera une exception UnicodeDecodeError
si cette suite ne correspond pas au formatage UTF-8.
Par exemple, si l’on tente de décoder une suite aléatoire d’octets, il y a peu de chances de tomber sur quelque chose de cohérent en UTF-8 :
# Tableau de 10 entiers aléatoires (0 < n < 255)
alea = np.random.randint(0, 256, 10, dtype=np.uint8)
print(alea)
msg = bytes(alea).decode('utf8')
[245 127 67 253 48 44 70 198 219 167]
...
UnicodeDecodeError: 'utf-8' codec can't decode byte 0xf5 in position 0: invalid start byte
Il suffira alors d’intercepter l’erreur au moyen de try
et except
pour éviter qu’elle ne bloque le programme, puis de réessayer avec n+1
etc, jusqu’à ce que, pour une valeur donnée, une conversion en UTF-8 soit possible.
Toutefois, si cette méthode « à tâtons » pour trouver nbits
fonctionne, elle n’est pas très élégante.
De plus, si l’on n’a pas d’indication sur la longueur du message qui a été inséré dans le tableau de pixels, on va devoir extraire les bits de tout le tableau, ce qui peut être pénalisant en temps de calcul, surtout si le message est court par rapport à la taille de l’image.
Pour ces raisons, il est préférable, au moment de l’encodage, de réserver quelques bits à l’enregistrement de ces deux informations : le nombre de bits/octet (nbits
) et la longueur du message.
Les opérations de décodage seront alors bien plus rapides.
Taille du header
Un demi-octet sera réservé à l’enregistrement du nombre de bits/octet (nbits
de 1 à 8). Comme le message codé s’étalera sur un nombre d’octets dont la taille maximum sera celle de l’image, il suffira pour le noter (en binaire) de réserver len(f'{im_array.size:b}')
bits. Ces bits étant regroupés en demi-octets, le nombre de bits utilisés devra être un multiple de 4, arrondi à l’excès.
La longueur totale du header, exprimée en demi-octets, sera :
header_size = 1 + ceil(len(f'{im_array.size:b}') / 4)
print(header_size)
7
La taille utile de l’image (la partie où l’on pourra stocker l’information du message) est donc :
im_size = im_array.size - header_size # taille utile en octets
print(im_size)
3275513
Calcul de nbits
(nombre de bits / octet)
Puisqu’on connaît la taille utile de l’image et celle du message à encoder, il est facile de calculer le nombre de bits (nbits
) par octet qui seront utilisés. La règle à observer est de choisir nbits
le plus bas possible afin de préserver la qualité de l’image.
La boucle suivante nous permettra de déterminer le nbits
le plus bas :
for nbits in range(1, 9): # groupes d’octets
if im_size >= len(octets) * 8/nbits:
break # nbits minimal trouvé -> sortie de boucle
else:
# Erreur si message trop long même avec nbits à 8
raise ValueError("Texte trop long pour cette image")
# Si nbits à 8, avertissement et poursuite du programme
if nbits == 8:
print("*"*60, "\nAvertissement : Les tailles sont compatibles mais"
"\nl’image sera totalement écrasée par le texte."
"\nPour un meilleur résultat, choisissez une image plus grande.")
print("*"*60)
On notera qu’on a fait deux choix :
Dans le cas où le message est trop long pour être inséré dans l’image, on lève une exception. On aurait pu également faire le choix de tronquer le message et de n’en insérer qu’une partie.
On conserve la possibilité
nbits = 8
, alors que son intérêt est limité puisque l’image est alors totalement détruite. On avertit simplement l’utilisateur de cette situation. On pourrait faire ici le choix de ne pas proposer cette option en considérant quenbits = 7
est le maximum acceptable.
On peut calculer (et afficher) le taux d’occupation de l’image par le texte du message, sachant que le maximum est atteint lorsque nbits = 8
et que tous les bits de tous les octets de l’image ont été remplacés.
# Calcul du taux d’occupation de l’image
print("Nombre de bits/octet remplacés :", nbits)
print('Taux de bits utilisés : ', round(len(octets) * 100 / im_size, 2), '%')
Nombre de bits/octet remplacés : 2 Taux de bits utilisés : 21.92 %
Après avoir codé le texte sous forme de tableau de « 0 » et de « 1 » et déterminé le nombre de bits qui seront insérés dans chaque octet, il reste à regrouper ces bits par groupes de n et convertir ces derniers dans le système décimal. Il ne restera plus alors qu’à les ajouter aux octets du tableau de pixels, après avoir au préalable mis à zéro les nbits
de poids faible de ces derniers.
Puisque les éléments de octets_bin
doivent être regroupés par paquets de nbits
, leur nombre doit être un multiple de nbits
. Si ce n’est pas le cas, il faudra faire un padding (remplissage), c’est-à-dire ajouter des « 0 » jusqu’à obtenir un multiple de nbits
.
Ces opérations sont faciles et rapides grâce à NumPy.
if octets_bin.size % nbits : # n’est pas multiple de nbits -> padding
masque = np.zeros(nbits * ceil(octets_bin.size / nbits),
dtype=np.uint8)
masque[:octets_bin.size] = octets_bin
octets_bin = masque
On a ainsi complété avec des « 0 » le tableau octets_bin
de façon à ce que le nombre d’éléments soit un multiple de nbits
.
Il ne reste qu’à regrouper les éléments par groupes de nbits
, à les agréger et à convertir les groupes ainsi formés en base 10.
code_txt = octets_bin.reshape(-1, nbits)
Notons que cette instruction produirait une erreur si le nombre d’éléments du tableau octets_bin
n’était pas multiple de nbits
.
Dans notre exemple, comme nbits
est égal à 2, le regroupement se fait par paires, comme l’indiquent le format et les premiers éléments du tableau :
print("Format :", code_txt.shape)
print(code_txt[:10, :])
Format : (2872180, 2) [[1 1] [1 0] [1 1] [1 1] [1 0] [1 1] [1 0] [1 1] [1 0] [1 1]]
La fonction np.packbits()
permet de convertir les paires de bits en entiers, mais sous forme d’octets complets. Elle va donc ajouter des « 0 » à droite :
print(np.packbits(np.array([1, 1, 0, 1, 0])))
[208]
La suite [1, 1, 0, 1, 0] a été convertie en 11010000
, en remplissant l’octet à droite avec trois « 0 ».
Si l’on précise le paramètre bitorder='little'
, les bits d’entrée seront inversés :
print(np.packbits(np.array([1, 1, 0, 1, 0]), bitorder='little'))
[11]
Cette fois [1, 1, 0, 1, 0] a été transposé en 00001011
, avec un remplissage de zéros à droite puis une inversion par symétrie gauche-droite.
Si l’on souhaite que [1, 1, 0, 1, 0] soit lu 00011010
, il faut donc d’abord procéder à l’inversion des bits, ce que permet la fonction np.flip()
, puis utiliser np.packbits()
avec le paramètre bitorder='little'
:
ar_inv = np.flip(np.array([1, 1, 0, 1, 0]))
print(np.packbits(ar_inv, bitorder='little'))
[26]
Cette fois, on obtient bien le résultat souhaité, 26 étant la représentation décimale de 00011010
.
Comme ces deux opérations serviront plusieurs fois, regroupons-les dans une fonction :
def decimalisation(code, axe):
"""
Compresse les bits d’un tableau après renversement symétrique
et retourne un tableau d’entiers (uint8) à une dimension.
"""
ar = np.flip(code, axis=axe)
return np.packbits(ar, axis=axe, bitorder='little').ravel()
On a en outre remis le tableau « à plat » grâce à la méthode ravel()
. Cela facilitera ensuite l’insertion du code dans la table de pixels.
On peut vérifier que les bits ont bien été regroupés et décimalisés :
code_txt = decimalisation(code_txt, 1)
print(code_txt[:20])
[3 2 3 3 2 3 2 3 2 3 3 3 1 1 1 0 1 2 2 0]
Mise à zéro des bits et insertion du code
Le nbits
(nombre de bits remplacés dans chaque octet) a été arbitrairement fixé à 4 pour le header mais il est variable pour le reste du tableau puisqu’il est déterminé dynamiquement en fonction de la taille des données.
Les opérations de mise à zéro des bits devront donc être réalisées séparément pour le header et pour le reste du texte.
Extrayons tout d’abord du tableau im_array
les quelques octets de tête qui serviront de header
:
header = im_array.flatten()[:header_size]
On utilise ici flatten()
de préférence à ravel()
car flatten()
retourne une copie tandis que ravel()
renvoie une vue. Or, on veut pouvoir modifier le header sans modifier le tableau im_array
et réciproquement, ce qui n’est possible qu’avec une vraie copie.
Comme on l’a vu plus haut, la taille du header étant de 7 octets, ce sont les 7 premiers octets codant les pixels de l’image que l’on retrouve dans ce tableau :
print(header)
[178 132 145 177 131 144 179]
La mise à zéro de nbits
est donnée par la formule Vzero = V - (V & (2n - 1))
où n vaut ici 4. Pour le reste du tableau, il vaut nbits
.
# Mise à zéro des 4 bits de poids faible des octets du header
header -= header & (2**4 - 1)
# Idem pour les nbits de poids faible des autres octets du tableau
im_array -= im_array & (2**nbits - 1)
Les bits de poids faible des octets du tableau et du header ont été mis à zéro. On peut s’en assurer en imprimant les nouvelles valeurs du header :
print(header)
[176 128 144 176 128 144 176]
Si l’on convertit ces chiffres en base deux, on voit que les 4 bits de droite ont bien été mis à zéro :
for n in header:
print(f'{n:b}', end=' ')
10110000 10000000 10010000 10110000 10000000 10010000 10110000
⁂
Écriture des bits de poids faible du header
Le header sera composé du nombre nbits
compris entre 1 et 8 (sur un demi-octet) et de l’indication de la taille (en octets) du code texte inséré dans le tableau de pixels.
Il sera d’abord écrit en binaire, puis encodé avec la fonction decimalisation()
que nous avons déclarée plus haut.
# Code du header en notation binaire
header_code = (f'{nbits:04b}' +
f'{code_txt.size:0{4 * (header_size - 1)}b}')
Dans notre exemple, on obtient :
print(len(header_code)) # nombre de bits du header
print(header_code)
print(code_txt.size) # taille du texte codé en octets
28 0010001010111101001101110100 2872180
Le header a une longueur de 7 octets (28/4) comme prévu. Il comprend d’abord l’indication du nbits
(ici 0010
soit 2 en notation décimale) et le binaire 001010111101001101110100
(2 872 180 en base 10) qui indique la longueur du code (code_txt
) à insérer.
Ces valeurs peuvent être regroupées par 4 et mises en forme dans un tableau à deux dimensions :
header_code = np.array(list(header_code), dtype=np.uint8).reshape(-1, 4)
print(header_code)
[[0 0 1 0] [0 0 1 0] [1 0 1 1] [1 1 0 1] [0 0 1 1] [0 1 1 1] [0 1 0 0]]
Il ne reste qu’à agréger les groupes, à convertir le résultat en base 10, et à aplatir le tableau. Tout cela peut être réalisé au moyen de la fonction decimalisation()
:
header_code = decimalisation(header_code, 1)
print(header_code)
[ 2 2 11 13 3 7 4]
Enfin, on fusionne les deux codes, celui du texte et de l’image, en additionnant les valeurs des tableaux :
im_array.ravel()[:header_size] = header + header_code
im_array.ravel()[header_size:header_size+code_txt.size] += code_txt
Les codes ont bien été fusionnés. On peut le vérifier en affichant le nouveau im_array
dont les octets présentent de légères variations par rapport aux valeurs d’origine :
# Valeurs des octets des 9 premiers pixels
print(im_array[:3, :3, :])
[[[178 130 155] [189 131 151] [180 135 146]] [[168 124 139] [174 124 138] [181 133 148]] [[182 132 149] [177 131 141] [177 129 147]]]
Il ne reste qu’à sauvegarder l’image ainsi modifiée grâce à PILLOW :
im = Image.fromarray(im_array)
im.save('image_codee.png') # sauvegarde locale de l’image codée
Si l’on compare les deux images, l’originale et celle nouvellement créée après injection du code, on ne perçoit pratiquement pas de différence :
Pourtant, la deuxième contient tout le volume encodé du Discours de la méthode de Descartes et pourrait contenir presque 5 fois plus de données, le taux d’occupation de l’image étant de 21,92 %.
Comme l’image choisie était assez grande par rapport au volume de données insérées, seuls deux bits par octet ont été utilisés. Et comme il s’agit des bits dits « de poids faible », l’impact sur la qualité de l’image est assez limité.
Mais si l’on augmente le nombre de données (ou si l’on diminue la taille de l’image), le nbits
(nombre de bits/octet) à remplacer augmente et l’altération de l’image commence à se faire sentir.
Voici à titre indicatif les transformations que subit la même image lorsqu’on remplace respectivement 5 bits, 6 bits, 7 bits et 8 bits par octet :
Afficher...
Décodage
Pour décoder une image, on part bien sûr du principe qu’on ignore si l’image a été ou non encodée. On ignore également le nombre de bits/octet occupés par un éventuel message, de même que la longueur de ce dernier.
Ces deux dernières informations nous seront révélées par la lecture du header.
On commence un nouveau script, et donc on importe les modules nécessaires :
# coding: utf8
from math import ceil
from PIL import Image
import numpy as np
On enregistre les valeurs des pixels dans un tableau NumPy :
im_array = np.array(Image.open('image_codee.png'))
Vérifions que les données ont bien été enregistrées :
print(im_array.size)
print(im_array[:2, :5, :]) # on imprime quelques octets
3275520 [[[178 130 155] [189 131 151] [180 135 146] [167 123 134] [171 126 139]] [[168 124 139] [174 124 138] [181 133 148] [177 129 145] [181 132 147]]]
Calculons la taille du header qui est fonction de la taille de l’image :
head_binsize = len(f'{im_array.size:b}')
head_size = ceil(head_binsize / 4) + 1 # taille en octets
Sans surprise, head_size
nous indique que le header s’étale sur 7 octets :
print(head_size)
7
Imprimons maintenant les valeurs du header :
header = im_array.ravel()[:head_size]
print(header)
[178 130 155 189 131 151 180]
Dans ces chiffres sont mêlés la valeur des pixels d’origine, et le code ajouté, celui-ci occupant (en base 2) les 4 bits faibles, ceux de droite.
Pour récupérer ce code :
header = header & (2**4 - 1) # formule équivalente à 'header % 2**4'
print(header)
[ 2 2 11 13 3 7 4]
On a bien récupéré, sous forme décimale, les valeurs représentées par les 4 bits à droite de chaque chiffre :
octets header | déc. | information |
---|---|---|
178 10110010 | 2 | nbits = 2 |
130 10000010 | 2 | [00]10 |
155 10011011 | 11 | 1011 |
189 10111101 | 13 | 1101 |
131 10000011 | 3 | 0011 |
151 10010111 | 7 | 0111 |
180 10110100 | 4 | 0100 |
Les deux informations qui nous intéressent sont le nbits
(ici égal à 2) indiqué par le 1er octet, et la longueur du message inséré dont la valeur (en binaire) est obtenue par concaténation des représentations binaires des octets suivants ([00]10
+1011
+1101
+0011
+0111
+0100
), transcrite ensuite en décimal :
# Lecture du premier octet
nbits = header[0]
# Valeur en binaire de la longueur du message
bin_code_size = ''.join(f'{c:04b}' for c in header[1:])
# Conversion en base décimale
code_size = int(bin_code_size, 2)
print(nbits)
print(code_size)
2 2872180
On procède de même sur le reste du tableau. On élimine d’abord tous les bits de poids fort (à gauche), puis on dispose les bits de poids faible sur une colonne moyen d’un reshape()
, avant de décompresser les bits de chaque élément de la colonne :
im_array = im_array & (2**nbits - 1)
im_array = im_array.reshape(-1, 1)[head_size:head_size + code_size]
code_txt = np.unpackbits(im_array, axis=1)
On obtient alors une colonne d’octets dont les premiers éléments sont :
print(code_txt[:5])
[[0 0 0 0 0 0 1 1] [0 0 0 0 0 0 1 0] [0 0 0 0 0 0 1 1] [0 0 0 0 0 0 1 1] [0 0 0 0 0 0 1 0]]
On va ensuite demander à np.packbits()
de concaténer les deux derniers bits de chaque octet (puisque dans notre exemple nbits
est égal à 2) pour composer de nouveaux octets, et de renvoyer le tout en base décimale.
Le premier octet devra donc être la concaténation 11
+10
+11
+11
, soit le nombre binaire 11101111
, autrement dit 239 (int('11101111', 2)
) en base décimale.
code_txt = np.packbits(code_txt[:, 8-nbits:])
# On retire d’éventuels octets nuls
code_txt = np.trim_zeros(code_txt, 'b')
On vérifie qu’on a bien récupéré l’ensemble des octets du texte original :
print(code_txt)
[239 187 191 ... 42 10 10]
Il ne reste plus qu’à décoder avec bytes()
, selon le processus inverse de celui de l’encodage.
Si l’image ne contient pas de code (ou si le code a été altéré), c’est au moment de l’exécution de cette instruction qu’une exception de type UnicodeDecodeError
devrait se produire. On va donc insérer le code dans un bloc try
… except
de façon à capturer l’exception si elle se produit.
try:
message = bytes(code_txt).decode('utf8')
except UnicodeDecodeError:
print("Cette image ne contient pas de code"
" ou le code est illisible.")
else:
print('Début du texte :', message[:73])
print(f'Longueur du texte : {len(message)} caractères')
Début du texte : The Project Gutenberg EBook of Discours de la méthode, by René Descartes Longueur du texte : 700602 caractères
L’ensemble du texte a bien été récupéré et transféré dans la variable message
.
On peut, si on le souhaite, sauvegarder ce texte dans un fichier :
# Sauvegarde locale du texte
with open('nouveau_texte.txt', 'w') as f:
f.write(message)